La rédemption ?
Dernière mise à jour : 2 avr. 2021
Rédemption, réparation, libération, satisfaction, compensation, justification, expiation…
Mais que signifient ces mots ?

Vocabulaire pascal
Pour une grammaire de la rédemption
3 . Rédemption, rachat…
Pour dire le salut que Dieu veut nous accorder, toute une série de mots nous viennent à l’esprit : rédemption, réparation, libération, satisfaction, compensation, justification, expiation…
Nous nous servons de ces mots pour dire ce que Dieu fait pour nous quand il nous donne son propre Fils pour nous sauver.
Que signifient ces mots ?
En fait, tout dépend de la manière dont nous comprenons les deux premiers : salut et péché.
Est-ce que Dieu nous voit d’abord comme des pécheurs, des réprouvés, des gens avec qui il a un problème… ? Est-ce qu’il voit d’abord en nous le péché originel, une offense qu’il faut réparer avant qu’il puisse nous aimer vraiment ? Ou est-ce que nous sommes d’abord ses enfants, sauvés, grâciés, appelés à partager sa propre Vie ?
Est-ce que Jésus nous est envoyé d’abord pour réparer des dégâts, subir le juste châtiment pour nos péchés, expier nos péchés, arrêter le bras vengeur de son Père, ou est-il venu pour nous rendre à notre vocation divine d’enfants de Dieu, nous entraîner à nouveau avec lui, dans la confiance, vers le Père ?
Est-ce que la Semaine Sainte culmine le Vendredi Saint ou le matin de Pâques ?
Il y a toute une conception du christianisme où tout s’arrête à la Croix. Le Christ est mort pour nos péchés. Il a réparé. Il nous a acquis les mérites qui nous seront distribués si nous sommes sages… et où Pâques est juste un appendice dont on ne sait pas trop quoi faire, mais parce qu’il fallait bien que Dieu récompense son Fils qui a bien fait le job… ou parce que c’est le printemps et parce qu’il faut bien fêter le retour de la vie… Mais en fait, de la Résurrection, on n’en parle pratiquement plus… On ne la comprend plus. Mais le pape François nous demande de ne pas être des chrétiens du vendredi saint !
Les dégâts causés par cette manière de comprendre Dieu et de vivre notre propre humanité sont immenses. Si, d’une manière ou d’une autre, nous présentons Dieu à nos enfants comme un Père qui veut la mort de son fils, il est impossible qu’il puisse le comprendre ! Il va avoir dans sa tête l’image d’un Dieu qui est un bourreau et qu’il ne pourra que refuser dès qu’il en aura la liberté. Il nous faut arrêter de parler d’un Dieu qui veut la mort, qui cherche une victime pour expier… parce que ce Dieu n’existe pas. Dieu veut la vie… et il y a une manière de vivre et de mourir qui est une entrée dans la Vie.
Ne croyons surtout pas que cette manière affreuse de comprendre Dieu existe depuis toujours. Ces idées sont apparues aux 9°-11° siècles qu’on a appelés les siècles de fer, tant l’Europe était aux prises à une violence inouïe et que les Pénitents dressaient partout la Croix comme l’ultime rempart contre le mal.
Notre catéchisme des années 45-50, que j’ai encore appris quand j’étais enfant, ne connaissait que cette théologie(manière de parler de Dieu). Il fallait faire baptiser les enfants dès le premier jour pour les purifier du péché et pour qu’ils n’aillent pas en enfer ou presque... La rédemption était définie comme « le mystère de Jésus mort sur la Croix pour « racheter les hommes ». Il fallait acquérir les mérites de la Rédemption. On demandait aux gens à chaque messe : « Croyez-vous en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui est né et qui a souffert sa Passion ? » Bizarrement, la Résurrection avait disparue de ce Credo ! Le Concile Vatican II a corrigé tout cela. Être baptisé, c’est être plongé dans le mystère pascal de Jésus, dans sa mort et dans sa Résurrection.
A cause de la dureté des siècles, on a transformé le visage de Dieu qui vient à nous pour réconcilier le monde avec lui (2 Cr 5,19) en un Dieu qui exige réparation, compensation, vengeance… Comment est-ce possible ? Il ne faut surtout pas revenir en arrière…
Il nous faut faire effort pour mieux comprendre tous ces mots…
et cela d’abord pour sauver l’honneur de Dieu.
- Dieu est juste bien sûr… Mail ne réclame pas justice comme nous le faisons… Il veut au contraire, nous rendre justes, faire couler en nous sa justice, son amour. Sa justice ne nous condamne pas d’abord, elle nous sauve d’abord, nous justifie, nous rend bons.
- La rédemption, le rachat ne signifient pas que Dieu ait demandé à quelqu’un de payer une rançon à lui ou au diable… Nous n’avons rien à payer à Dieu… La bible nous dit justement le contraire… C’est lui qui paie de sa personne… qui se donne pour nous… Il n’exige pas réparation, c’est lui qui répare… C’est lui qui donne son propre Fils… (I Cor 6,20)… C’est lui qui se lie à nous d’un lien que rien ne pourra défaire. Dans toute la bible, c’est Lui, Dieu qui sauve, rachète, défend le pauvre, se montre solidaire avec l’humain en déroute… C’est lui qui vient nous chercher pour nous ramèner à lui.
- Expier… Que veut dire ce mot ? Faire payer le prix ? Ou bien aimer encore plus au point de retirer le mal de nous, de l’ex-tirper de nous et de le remplacer par la bombe atomique d’un amour qui est le sien ??? Expier, c’est permettre à quelqu‘un de devenir plus grand que sa faute.
- Mourir pour nous ? Est-ce que Jésus vient payer le prix fort à notre place ? Ou vient-il marcher sur nos chemins de Croix avec nous, pour nous… pour nous entraîner sur le chemin de la Vie ? Un grand théologien alsacien, le P. Durrwell a dit : « Le Christ n’est pas mort à notre place. Il est mort à notre tête »… Il nous entraîne…
- Le Calvaire, lieu d’un châtiment, lieu de la colère (« Dies irae », chantait-on jadis) ou alors, lieu de l’accomplissement de la Vie. Le Croix est-il pour nous l’Arbre de la Vie ?
Oui, il nous faut continuer à « convertir » notre christianisme… pour que les gens y reviennent… !
Texte pour votre méditation :
Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean 14, 1-11
01 Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
02 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
03 Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
04 Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »
05 Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
06 Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
07 Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
08 Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
09 Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
10 Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
11 Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Est-ce que Jésus nous est envoyé d’abord pour réparer des dégâts, subir le juste châtiment pour nos péchés, expier nos péchés, arrêter le bras vengeur de son Père, ou est-il venu pour nous rendre à notre vocation divine d’enfants de Dieu, nous entraîner à nouveau avec lui, dans la confiance, vers le Père ?