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Le concordat est-il une chance ?

Des élus alsaciens ont singé une tribune que je trouve fort intéressante par la réflexion qu'elle nous propose...

Reflète-t-elle la réalité ?



Le concordat d’Alsace-Moselle est une chance


Fabienne Keller, députée européenne, ancienne maire de Strasbourg (2001-2008)Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l’Insertion, ancienne présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin (2017-2020)Thierry Michels, député du Bas-RhinSylvain Waserman, député du Bas-Rhin, vice-président de l’Assemblée nationaleBruno Studer, député du Bas-Rhin, président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale


La polémique récente au sujet du financement public de la mosquée Eyyub Sultan par la ville de Strasbourg a réveillé les opposants historiques au concordat d’Alsace-­Moselle. Une particularité héritée du passé singulier de notre région, ballottée plusieurs décennies entre les régimes français et allemands.

Aujourd’hui, le Concordat est la marque d’une culture et d’une histoire tourmentée, et les Alsaciens et Mosellans y restent attachés.

Les opposants idéologiques au Concordat ont exploité et instrumentalisé le débat sensible sur le financement de la mosquée Eyyub Sultan. Ils ont notamment laissé croire que le Concordat était la cause de cette mauvaise décision prise par la municipalité strasbourgeoise. Un amalgame grossier et trompeur.

Oui, le régime particulier en vigueur en Alsace-Moselle permet aux collectivités locales de financer des projets cultuels dans les limites prévues par le Concordat. Mais non, cela n’enlève en rien la responsabilité de chaque collectivité de marquer son exigence sur l’intérêt public du projet qu’elle envisage de soutenir. Dans le cas de la mosquée Eyyub Sultan, le problème tient avant tout à un manque de discernement de la maire et de son équipe municipale et en rien à une faiblesse du Concordat.

Depuis de longues années le régime concordataire nourrit, en Alsace-Moselle, un climat de dialogue et de respect unique en France entre les cultes et l’État. La possibilité de financement public d’un lieu de culte a le mérite de créer les conditions pour une adhésion des cultes aux principes républicains. Encore faut-il, pour cela, que les collectivités assurent la transparence et l’exigence du respect des valeurs républicaines dans la gestion de ces dossiers. Cette possibilité, d’ailleurs, n’est qu’une partie du régime concordataire et du droit local.

Aujourd’hui, les bénéfices du Concordat sont largement reconnus, en Alsace-Moselle comme dans le reste de la France. Un dialogue interreligieux apaisé, et dont les fruits sont reconnus, notamment par les responsables des cultes.

Dans les écoles, l’enseignement de la « culture religieuse » de tous les cultes permet l’acquisition de connaissances précieuses pour la compréhension de l’autre. Avec le terrible assassinat de ­Samuel Paty, nous avons tous pris conscience de la grande valeur du savoir et de la connaissance, et du danger de l’ignorance. En 2005, à la suite de profanations ignobles de cimetières juifs, le président de la région Alsace Adrien Zeller avait lancé le « Mois de l’autre », organisé depuis chaque année, et les « rallyes intercultes » – des rencontres, notamment avec des responsables religieux et des visites de lieux de culte – dans l’objectif de lutter contre toute forme de discrimination.

Loin d’être une entorse au principe républicain de laïcité, auquel nous sommes attachées, le Concordat crée en Alsace-Moselle un rapport à la laïcité moins rigide et moins conflictuel qu’il ne peut l’être dans le reste du pays. En reconnaissant et en acceptant la diversité des croyances et la liberté des pratiques, il favorise l’apaisement.

Oui, le Concordat est une chance et nous formons le vœu qu’il soit préservé, au cœur de la République.


Qu'en pensez-vous ?

Faut-il étendre le concordat au reste de la France ?

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