Le sacrifice ?
Dernière mise à jour : 2 avr. 2021
Faire des sacifices...!
Cela semblait nécessaire il n'y a pas si longtemps....
Aujourd'hui ? Quel est sens peut bien avoir ce mot ?
Et le sacrifice du Christ ?

Le vocabulaire pascal Pour une grammaire de la rédemption 4. Le sacrifice
Le sacrifice ? Quand j’étais enfant, le fond de commerce du sacrifice battait son plein. Il fallait absolument faire des sacrifices. On en parlait sans arrêt. La vie était comprise comme un immense sacrifice nécessaire. Il fallait même sacrifier son intelligence pour croire sur parole... 60 ans plus tard, le sacrifice a moins bonne presse. Mais l’Eglise insiste pour parler du sacrifice du Christ, du sacrifice de la messe. Et certains reprochent de brader la messe comme sacrifice, pour en faire seulement un repas de communion. Et si un vrai repas était justement un vrai sacrifice ? Le pire peut arriver quand on comprend le sacrifice comme quelque chose qu’il faut sacrifier à quelqu’un... à Dieu, pour entrer dans ses bonnes grâces, ou pire pour expier quelque faute, apaiser son courroux, réparer une faute par un châtiment, une peine bien méritée. Une autre idée encore plus redoutable ne tarde pas à se pointer, celle de substitution, l’idée géniale et pourtant banale des chefs du peuple qui pensent « qu’il vaut mieux qu’un seul meurt pour tout le peuple...≈» Il est condamné à notre place... ouf ! Cette logique aboutit à l’image du bouc émissaire chargé du péché de tous et envoyé mourir dans le désert... On est alors au fond d’une sorte de religion dont la masse des gens croit s’être débarrassé... depuis Freud... et d’autres esprits éclairés... Avouons pourtant que dans ces temps de pandémie... ce sont là des idées qui en viennent très rapidement à s’exprimer... Un petit châtiment, n’est-ce pas... ? Le fantasme du l’ogre divin est toujours prêt à resurgir, surtout dans les consciences qui croyaient s’en être le mieux libérées. Mais qu’est-ce que le sacrifice selon le cœur de Dieu ? Et non pas selon les peurs de l’Homme ! Presqu‘au début de la bible, nous trouvons un récit très intéressant et bien connu, celui de 2 frères qui offrent chacun un sacrifice... Rappelez-vous : Caïn et Abel (Genèse 4). Caïn, l’agriculteur, présente des produits de la terre en offrande. Mais Dieu se détourne de son sacrifice. Abel quant à lui présente les premiers-nés de son troupeau. Dieu accepte son offrande. Où est la différence ? Elle est ténue, et pourtant profonde, totale. Caïn donne quelque chose de la terre (et non pas de ses récoltes...) à Dieu. Il sacrifie une partie de ce qui n’est pas vraiment à lui, pour pouvoir garder tout le reste. Dans cette conception, la terre est une concession faite à l’homme par un Dieu qui reste au fond jaloux et qu’il faut payer en retour. Caïn est encore dans la logique du sacrifice « païen » où il faut rendre une partie de ce qui n’est pas vraiment à nous... C’est le sacrifice de propitiation. Il faut se rendre Dieu favorable car on le croit redoutable et jaloux. On cherche à l’apaiser, à réparer nos empiètement sur son domaine, etc.... Ce sacrifice n’est pas selon le cœur de Dieu. Dieu veut en guérir son peuple... De la même façon, il voudra enlever du cœur d’Abraham l’idée de lui sacrifier son enfant... (mais tout le monde ne le comprend pas comme ça... !)… Abel, en choisissant le meilleur de son troupeau, fait quelque chose de très différent. Il inaugure le sacrifice tel que Dieu l’aime. Il ne nous demande pas de lui donner quelque chose pour pouvoir garder le reste pour nous et en faire ce que nous voulons en toute bonne conscience. Il nous invite à accueillir tout, toute la terre, toute la vie comme un don radical, du vraiment donné... avec une unique demande... ne pas le mettre au service de notre toute puissance... mais de redonner, de consacrer tout le donné en le redonnant, en le faisant fructifier pour tous. C’est là le sacrifice d’action de grâce qui fait de nous des fils et des frères. Rendre la grâce, ne pas la garder pour nous, offrir, donner le donné, le consacrer en don au service de tous, de Dieu en son projet de Vie pour tous… Tout est reçu, mais tout est non pas à rendre, mais à offrir, à consacrer... Voilà le sens du sacrifice tel que Dieu l’a révélé petit à petit au peuple de Dieu et tel que Jésus vient « l’accomplir ». Le sacrifice du Christ est un sacrifice d’action de grâce. La messe est ce sacrifice d’action de grâce : « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu... Cela est juste et bon... », voilà le centre de la messe. - Ce sacrifice d’action de grâce est un sacrifice d’alliance... car il nous relie vitalement au Créateur de toute chose et il nous relie vitalement aux autres dans le plus total sacrifice de tout ce qui nous en empêche. En ce sens ce repas de communion est le vrai sacrifice. - Ce sacrifice est la guérison véritable du péché qui est appropriation des choses, de la vie des autres, violence. Il est le contraire de toute la logique du monde fondée sur l’appropriation des choses et des personnes, sur leur destruction, pour les consommer. - Il est le sacrifice de communion où nous accueillons Dieu à notre table, qui devient ainsi la Table de l’humanité réconciliée. - Et s’il est un sacrifice d’expiation pour le péché, si nous avons vraiment besoin de ce mot... ! ce n’est pas en tant qu’il serait une privation, une punition parce que... mais au sens où le Seigneur vient extirper de nous tout le mal et le remplacer par la bombe atomique de son amour. On a fait du sacrifice du Christ ce qu’il y a de pire... un châtiment, où le Christ est fait pécheur, traité à notre place comme le pire des pécheurs, portant tous nos péchés... et cela dans l’abandon total du Père... comme nous le méritons... Stop ! Le sacrifice du Christ est celui du Fils totalement Fils qui vit dans un cœur, dans un corps humain ce qu’il est totalement. En ce sens, il vit vraiment lui-même le salut auquel il nous appelle à participer. Ce sacrifice est le refus du mal, de la violence, de l’appropriation. Il est don de soi, il est par-don... l’humain devenu totalement humain, et totalement divin. L’humain devenu totalement fils de Dieu. La mort du Christ est ainsi aussi sa résurrection, son entrée dans la vie accomplie. Aujourd’hui, Jeudi Saint, jour de l’Eucharistie. Elle n’est pas la répétition du sacrifice du Christ. Elle est participation, communion à l’unique Sacrifice du Christ... et par lui, en lui, de son Corps tout entier.
Textes pour la méditation
Du prophète Isaïe 1,11-17
11 Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la
graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir.
12 Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous demande de fouler mes parvis ?
13 Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n’en peux plus de ces crimes et de ces fêtes.
14 Vos nouvelles lunes et vos solennités, moi, je les déteste : elles me sont un fardeau, je suis fatigué de le porter.
15 Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang.
16 Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.
17 Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.
Evangile de Jésus christ selon Saint Jean (15,1 – 9)
1 Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
02 Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.
03 Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.
04 Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
05 Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
06 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
07 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.
08 Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.
09 Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Participer au sacrifice du Christ,
cela est-il vital pour vous ???