Quand la pierre n'a pas été roulée....
Une autre méditation pascale....
Je grimpe la côte de Heiligenberg soutenu par un courageux rayon de soleil. En visite familiale tout près, c'est devenu presque un rite dans l'après-midi du dimanche de Pâques, et bien souvent aussi le jour de Noël. Découvrir la crèche ou la déco de Pâques, cela soutient le pas et le souffle. Comme une manière bien agréable de prolonger encore un peu l'ambiance de la fête, en partageant la ferveur d'une communauté de frères.
C'est une gentille petite ronde de lapin de Pâques en bois, les uns dressés, les autres couchés, colorés, un peu défraîchis tout de même... Un peu seuls surtout... qui m'accueille sur le parvis de l'église. On a le sentiment que la commune a fait le minimum syndical.
En levant les yeux vers la masse élancée de l'église, mon pressentiment se renforce. Pas la moindre tâche de couleur, de blanc, de jaune, pas la moindre trace de fête ne vient égayer la masse de grès sévère que la dernière giboulée a revêtue d’un voile de tristesse.
En hésitant, je pousse la porte et j'entre dans cette belle église alsacienne le saint jour de Pâques et mon cœur se sert. Christ n'est pas ressuscité ici. Cette nef immense… ce chœur sombre... Un tombeau encore scellé. Aucun signe de fête. Vendredi-saint. Tout est resté en l'état. Rien. Même pas une nappe sur l'autel. Le banquet des ressuscités n'a pas été célébré ici.
Tristesse. Je m'assois dans le premier banc. Saisi d'une tristesse infinie. Un si grand village alsacien perché sur sa colline lumineuse. Une si belle église. Et rien. Mort. Notre chrétienté est-elle vraiment en train de mourir ?
Pourquoi, Seigneur ? Est-ce une punition ?
Nous as-tu donc abandonnés ? Où t'avons-nous, nous, abandonné ?
Mais à qui jeter la pierre ? Aux prêtres ? Aux quelques frères et sœurs qui s'occupent encore de toi ici ? Surchargés ? Le programme des célébrations à l'entrée de l'église est impressionnant. 7 célébrations du vendredi Saint …et 5 de Pâques ! Mais pas ici, à Heiligenberg !
Mais pourquoi ? Pourquoi n'avons-nous pas vraiment encouragé chaque communauté, chaque paroisse à te fêter, d'une manière ou d'une autre, à se rassembler en ta présence, petite, mais fervente, chaque dimanche, même quand il n’y a pas de prêtre ? Comment est-ce possible qu'une église paroissiale reste fermée le dimanche... le dimanche de Pâques ?
Nous faisons fausse route. Et c'est encore du cléricalisme, car une fois de plus tout est mesuré à l’aulne des prêtres ou du manque de prêtres. Pourquoi une communauté ne peut-elle pas te célébrer, se tenir debout dans la résurrection, décorer son église, la mettre en fête le jour de Pâques... ? Parce qu'il n'y a pas assez de prêtres !?
C’est absurde. Combien d'églises sont restées fermées en Alsace en ce Saint jour de Pâques ? C'est un scandale.
Monseigneur nouveau qui arrivez bientôt chez nous, s'il vous plaît, changez cela, de grâce.